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Le brigandage et le Risorgimento

C'est l'été, le soleil nous caresse avec chaleur et le petit vent qui l'accompagne nous donne des envies de voyage. Certains pourront partir à l'étranger cette année, d'autres noms. Tant pis, je fais venir à vous un peu de la Méditerranée pour vous aider à découvrir son histoire. Parce que je me replonge avec fébrilité dans mon roman "Parmi les oranges amères / Le jardin des dieux", que diriez-vous d'un petit tour dans le Sud de l'Italie ? 

 

Le Mezzogiorno, connu plus facilement pour ses olives, ses agrumes et sa Mafia, n'en était pas moins le grenier à blé de l'Italie avant qu'elle ne devienne un état uni. Un article est consacré au  Risorgimento italien (Garibaldi, ses chemises rouges, son roi Victor-Emmanuel), je vous le glisse en lien juste en-dessous. Mais que s'est-il passé en 1861 pour qu'il soit réputé être le berceau du banditisme ? 

 

Les Italiens du Sud se réjouissaient tout autant que leurs confrères libéraux du Nord à l'arrivée de Garibaldi. Cela faisait des décennies, voire des siècles qu'ils espéraient leur liberté, notamment en Sicile, où tant de dirigeants étrangers s'y étaient succédés (Normands, Arabes, Espagnols, Français etc...), ce qui eplique son extrême richesse. Or, passées les réjouissances et les festivités de l'unification (le 18 mars 1861), de nouvelles mesures sont prises pour homogénéiser l'état gigantesque. 

Il faut savoir qu'avant d'être unifiée, l'Italie était composée de mutliples états aux peuples différents. Lorsque vous voyagez dans le Nord, par exemple, vous ne dégustez pas les pâtes de la même façon qu'à Rome, en Toscane ou à Naples. Tous étaient antagonistes. Vous comprendrez que l'entreprise fut ardue, et cela continue encore aujourd'hui... La centralisation du pays est un échec, les impôts sont levés en masse dans le Sud, la concscription appelle des hommes nécessaires au travail des champs...C'est un véritable fiasco que l'historiographie italienne a mis du temps à reconnaître. 

 

Les classes populaires sont les premières touchées par les inégalités qui se creusent, les possédants sont accablés par une concurrence déloyale (adieu le protectionnisme des Bourbon). C'est la révolte

Des hommes, paysans, mineurs, fermiers, soldats (même des partisans de Garibaldi) menés par d'anciens officiers du royaume des Deux-Siciles, se cachent dans le maquis. Le Brigandage nait

 

Dès 1860, et ce jusqu'en 1861, ce sont des groupes disparates qui mènent des actions poncutelles, d'abord en Basilicate (le Melfese), puis dans le reste du Mezzogiorno. François II, exilé à Rome, leur fournit des armes pour qu'ils se battent. Bien sûr, ils contestent contre le caractère trop libéral du nouveau gouvernement monarchique et la confiscation des biens de l'Eglise, mais surtout contre l'injustice sociale qui altère leur mode de vie et plonge les familles dans la pauvreté (notamment en Sicile). Par la suite, dès 1862, le mouvement s'accentue partout, amenant les autorités à menée une répression sévère et impartiale, qui aboutit en 1864 à la terrible Loi Pica. Des photos terribles circulent encore aujourd'hui sur les massacres de bandits et de leur famille. Mais les "brigands" s'en prirent de leur côté à des fermiers, brûlèrent leur propriété, bref... Une véritable jacquerie à l'italienne.

 

Pour ne citer que quelques chefs de bande célèbres, qui finirent par élaborer des tactiques remarquables alors que leurs hommes n'étaient pas des militaires (dès 1862, les nobles officiers les quittèrent ou furent chasser de leurs bandes, peut-être parce qu'ils ne comprenaient pas leurs revendications), Carmine Donate (Croco), Nincho-Nanco et Schiavone

 

La Loi Pica amorce le déclin du brigandage, mais annonce la naissance de la Mafia de banditisme. Cette dernière était pourtant d'abord une société secrète protectrice et fraternelle, totalement différente de ce qu'on en connaît aujourd'hui. Elle a sû tirer son épingle du jeu face à la misère dans laquelle fut plongée le Mezzogiorno (répression, réformes, etc..) et s'est subtilement intégrée dans le paysage pour devenir ce qu'elle est devenue dans les années 1980. 

 

Sources: JP Viallet- Réactions et Brigandages dans le Mezzogiorno Péninsulaire

A Recupero- La Sicilia all'opposizione (1848-1874)

A Dubarry- Le brigandage en Italie 

JY Frétigné- Histoire de la Sicile 

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