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La condition des femmes- L'enseignement des filles

L'évolution de la condition des femmes au XIXème siècle est bien trop longue à expliquer sur un article de blog. Dans mes deux derniers romans, les femmes occupent une place importante, et loin de faire de mes personnages des héroïnes féministes, aspirent à un avenir différent que celui qu'on attend d'elles ( à savoir être de bonnes épouses et mères) pour de nobles raisons que je vous laisse découvrir. Toutefois, chacune a la chance ou les possibilités de recevoir un enseignement dans leur jeunesse, ou de le donner. Par leur exemple, elles rendent compte du combat nécessaire que beaucoup de leurs comparses ont mené pour accéder aux études supérieures. Aussi, je vous fais partager ce que j'ai découvert dans mes lectures et mes recherches sur l'enseignement des filles.

 

En France, l'enseignement public des filles devient obligatoire grâce à la fameuse Loi Falloux (et encore, dans les villes de plus de 800 habitants) en 1850. Mais les filles "de bonnes familles" avaient déjà la possibilité d'intégrer des pensionnats congrégationistes. Le programme obligatoire comprend, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture, des rudiments du calcul, une éducation morale et religieuse et pour les filles, les « travaux" d'aiguille ». Sous l’impulsion de Jules Ferry, les lois scolaires de 1881-1882 et le Décret de 1924 instituent pour les filles le même enseignement secondaire que les garçons. Elles transforment l’école publique, en instituant au niveau élémentaire la gratuité, l’obligation de 6 à 13 ans et la laïcité, sans établir de différence entre les filles et les garçons. Pour autant, l'école n'est pas mixte. Ces mesures législatives ont pour effet d’inculquer les bases du calcul, de l’écriture, de la lecture . Mais les inégalités restent importantes, notamment dans le milieu ouvrier au début des années 1900. 

En 1882, Jules Ferry définit les missions de l’école, dans une annexe des programmes des écoles primaires publiques consacrée à l’éducation physique et à la préparation à l’éducation professionnelle : les fille sont prédéstinées à être de bonne femme d'intérieur ! 

Au début du XXe siècle, plusieurs établissements privés mettent sur pied des préparations spécifiques menant au fameux diplôme, du baccalauréat, indispensable pour entrer dans l’enseignement supérieur. La Première guerre mondiale en accentue encore la demande. Le décret Léon Bérard prend acte de cette évolution, en instituant en 1924 un enseignement facultatif qui permet aux filles d’aborder l’épreuve finale dans les mêmes conditions que les garçons. C'est alors en 1924 que le baccalauréat est ouvert aux filles.

 

Créée en 1881 et dirigée par Julie Favre, l'École normale supérieure de jeunes filles de sèvres vise à former les enseignantes de ces établissements. Certaines sont agrégées. En 1885, les premières institutrices laïques peuvent exercer. 

 

Au Royaume-Uni, même schéma ou presque. Avant la Révolution Française, les écoles étaient dirigées par les autorités ecclésiales, par la suite, l'accès gratuit pour tous reste compliqué. En 1831, l'école du dimanche en Grande-Bretagne servait chaque semaine à 1 250 000 enfants, soit environ 25% de la population. Comme ces écoles ont précédé le premier financement public d'écoles destinées au grand public, elles sont parfois considérées comme un précurseur du système scolaire anglais actuel . 

A partir de 1833, le Parlement commence à financer des écoles "pour les pauvres". Pour autant, jusque dans les années 1870, la majorité des écoles reste payante d'accès, contrairement aux écoles élémentaires gérées par les conseils locaux. La loi de 1891 sur l'enseignement élémentaire prévoyait le paiement par l'État des frais de scolarité jusqu'à dix shillings par habitant, rendant l'enseignement primaire effectivement gratuit. L'année 1918 a vu l'introduction de la loi sur l'éducation "Fisher Act" . a loi imposait l'enseignement obligatoire de 5 à 14 ans, mais prévoyait également une éducation obligatoire à temps partiel pour tous les 14 à 18 ans. Il y avait également des plans d'expansion de l' enseignement supérieur , en élevant l'âge de fréquentation à 18 ans. Cet âge a été abandonné en raison des réductions des dépenses publiques après la Première Guerre mondiale . Il s'agit de la première loi qui commence à prévoir des dispositions permettant aux jeunes de rester scolarisés jusqu'à l'âge de 18 ans. La loi de 1918 n'a pas été immédiatement mise en œuvre, mais a plutôt attendu une loi de 1921 avant d'entrer en vigueur. 

 

Concernant les jeunes filles, les britanniques sont plutôt précurseurs en la matière par rapport aux Français. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'éducation des jeunes filles est alors prise plus au sérieux, avec tout d'abord la création de collèges destinés à mieux former les futures enseignantes, et des écoles comme le Cheltenham Ladies' College commencent à offrir aux jeunes filles une éducation moins orientée vers les accomplishments, et plus proche de celle offerte aux garçons, avec l'accent porté sur les matières académiques et les sports de plein air. Ainsi, au cours du XIXe siècle, trois professions médicales sont ouvertes aux femmes : le métier d'infirmière, celui de sage-femme, ainsi que, en théorie, celui de médecin.

 

Sources:

Françoise Mayeur, L'éducation des filles en France au xixe siècle, Perrin, 2008 (1re édition Hachette, 1979)

Françoise Mayeur, L'enseignement secondaire des jeunes filles sous la Troisième République, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977

Rebecca Rogers, Les bourgeoises au pensionnat : l'éducation féminine au xixe siècle, préface de Michelle Perrot, Presses universitaires de Rennes, DL 2007

Rebecca Rogers, Françoise Thébaud, La fabrique des filles : l'éducation des filles de Jules Ferry à la pilule, Textuel, 2010

Première promotion de l'école de Sèvres 1885- SOurce: Wikipedia
Première promotion de l'école de Sèvres 1885- SOurce: Wikipedia

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