Ouvrir la première page du roman vous plonge déjà dans l’univers légendaire et inquiétant de la Sicile. On caresse le climat étouffant du sirocco qui balaye les côtes méridionales de l’île.
Mais où exactement se déroule la trame de l’histoire ?
Le roman s’apparente à un voyage entre deux eaux : celles de la Mer Tyrrhénienne et celles de la Méditerranée, entre la Sicile et la Italie.
La famille de don Giuseppe, riche propriétaire palermitain, passe la majeure partie de l’année dans leur domaine de la Giulietta, à Prizzi, petit village de la province et des montagnes palermitaines, situé non loin de la Réserve Naturelle de Monte Carcaci. Dans le livre, don Giuseppe en est le principal seigneur et vit sur ses terres, chose assez rare encore à l’époque car les grands propriétaires terriens laissaient la gestion de leur domaine à des intendants qui les louaient. Il y côtoie ses paysans dont la terre est le principal revenu.
Au fil des pages, on traverse l’île entière car il est d'abord, bien entendu, question de la majestueuse Palerme. Don Giuseppe y vit dans les appartements familiaux hérités de son père et possède des vergers d’orangers sur les côtes méridionales. Que vous apprendre sur Palerme si ce n’est qu’on en perd son latin... ?! Tant de civilisations s’y sont affrontées qu’on ne sait plus à qui appartient telle église, tel palais, tel jardin ou tel monastère ! Comme le climat de l’île, c’est-à-dire au Nord un climat méditerranéen et au Sud un climat aride, comme le relief souvent montagneux mais jonché de collines et parsemé de rares plaines, ce bout de terre gigantesque au pied de l’Italie est à l’image de sa « capitale »....pleine de contradictions !
Petit aperçu rapide de son histoire : la Sicile, depuis son existence, a tenté de nombreux princes et de nombreux rois ! En effet, elle est tout de même située à un endroit stratégique, au passage de l’Europe à l’Afrique, de l’Orient à l’Occident. D’abord phénicienne, puis grecque, elle fut ensuite romaine, arabe, normande, souabe (allemande), française et espagnole avant de devenir définitivement italienne en 1861.
Que peut bien avoir à y faire la France au milieu de cette île riche de passé ?
Les choses seront bien plus simples en suivant l’évolution et le parcours des personnages. Mais oui, on traverse aussi un peu de l’empire français en lisant le roman ! On y découvre l’essor des lignes de chemin de fer français qui réduisent considérablement les distances et c’est ce qui permet de visiter le Paris de Napoléon III. Un Paris totalement méconnaissable depuis 1853, date à laquelle le préfet Haussmann a commencé à redessiner la ville. Le beau-frère de don Giuseppe, maître Mario Fratellini, vit dans univers si différent des demeures baroques de son pays : une capitale de gris où tous les nouveaux boulevards se ressemblent, où tous les petits jardins de verdure semblent mornes comparés aux vastes étendues de sa campagne. Mais que de majesté dans cette capitale impériale où les arts et l’industrie en pleine expansion ( bientôt expliqués dans un nouvel article ! ) font d’elle une ville de conte de fées !
N’hésitez pas à partager vos impressions et pourquoi pas vos voyages dans ces mêmes lieux ...en attendant de suivre les enfants de don Giuseppe entre les montagnes siciliennes et les vastes étendues de fleurs sauvages....