Le contexte du roman "Le Jardin des Dieux"

 

 

L’histoire commence au printemps 1860 et se termine à l’automne 1862, quelques mois avant la proclamation de la loi Pica, en Italie.

 

 

Quel est le contexte de ces trois années, que l’on peut aisément suivre et vivre au fil du roman ?

En mai 1860, Garibaldi et ses hommes débarquent à Marsala, petit port du Royaume des Deux Siciles, sur l’île qui porte son nom.  Le royaume est alors gouverné par la famille des Bourbon depuis 1815 . François II y a succédé à son père, décédé en 1859.

 

A cette époque, la péninsule italienne est secouée par de nombreux soulèvements depuis le début du siècle. Les italiens rêvent d’être réunis en un seul état et le royaume de Naples n’y échappe pas (voir l’article de blog- Les lieux). Les notables du sud alimentent les révoltes dès 1837, inspirés par les idées de Gioberti et surtout de Mazzini. C’est en 1848 que les siciliens se soulèvent gravement. Ils ne sont tenus en laisse que par une nouvelle constitution promise par Ferdinand II. L’année 1860 n’échappe pas aux révoltes destinées à déstabiliser le pouvoir Bourbon. Il faut dire que le gouvernement de Victor Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, ne cache pas sa volonté de réunir l’Italie sous un même état : c’est ce qu’on appelle le Risorgimento. Dès 1859, le comte de Cavour prépare l’annexion de l’Italie du Sud. Pour cela, il a besoin d’un homme qui apparaitra comme un libérateur : Garibaldi.

Le 11 mai 1860, accompagné de milliers de volontaires, les chemises rouges, il débarque à l’Ouest de la Sicile. Cette expédition des Mille durera jusqu’à la prise de Naples, en septembre de la même année. La Sicile est alors annexée au royaume de Piémont-Sardaigne après un plébiscite, le 21 octobre 1860. Ce n’est que le 18 février 1861 que l’Italie est réunie en un seul royaume, sous un même parlement et un même roi, Victor-Emmanuel. (Notez que la Vénétie et le Latium ne sont pas encore annexés au royaume d’Italie).

 

Que devient la Sicile dans tout ça ?

 

La situation est délicate, notamment à cause d’un terrible antagonisme entre le Nord de l’Italie, industriel et donc riche, et le Sud de l’Italie, plutôt agricole et rural. Les classes populaires se retrouvent donc dans des situations catastrophiques. Les impôts sont plus élevés qu’auparavant, l’administration est centralisée et déstabilisante, la conscription est obligatoire et l’ouverture au libre échange provoque une grave crise économique. En effet, la concurrence est défavorable aux producteurs, moins équipés et performants. Beaucoup de possédants sont ruinés.

 

Il s’ensuit donc, au sud de Naples, la naissance de mouvements à la fois isolés et réunis sous une même contestation : le brigandage. Déjà existant depuis des siècles, il prend une ampleur considérable après l’unification italienne. La défense de la terre, donc de la liberté, prend rapidement la suite d’une contestation politique. A priori alimenté et soutenu en premier lieu par des nobles et la famille Bourbon, les soulèvements (pillages, incendies, enlèvements) sont rapidement pris en mains par de véritables chefs de bande, paysans, soldats déserteurs ou opposants de faible condition sociale. A partir de 1861, de véritables massacres et batailles sont livrés entre ces bandes de brigands réfugiés dans les montagnes, et l’armée italienne.

 

Les évènements prennent une telle ampleur qu’en 1863, une loi d’exception, la loi Pica, est votée. Des perquisitions, des arrestations et des exécutions sommaires sont autorisées. Elles concernent tant les brigands Italie que leur famille ou d’autres proches. C’est une véritable guerre civile qui se joue dans le Mezzogiorno italien. La répression durera avec la même intensité jusqu’en 1865, malgré des évènements ponctuels jusqu’en 1870. Que faisaient véritablement ces brigands et que voulaient-ils ? C’est ce que vous pourrez découvrir dans le livre.

 

En attendant, un élément de taille à ne pas négliger est l’émergence de la mafia telle qu’on en a une idée aujourd’hui. En effet, c’est grâce à ces soulèvements qu’elle a pu véritablement se faire une place et émergée alors qu’elle n’était jusqu’à présent qu’une société secrète. Au départ fondée sur l’attachement à une certaine philosophie (l’entraide, la défense de la dignité face aux ennemis de l’île...qui furent nombreux et divers pendant des siècles !), certains membres de cette cosa nostra profitèrent de la situation pour dénoncer des brigands auprès des autorités...tout en les protégeant. Mais les premiers groupes mafieux naquirent réellement vers les années 1870, date à laquelle, justement, fut employé le terme de mafia.

 

 

Si vous désirez en savoir plus sur l’histoire de l’Italie ou du brigandage, n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour que je vous livre quelques sources historiques sérieuses !